Message clé
Si les chirurgies pour le traitement des cancers de l’oesophage, du pancréas, du foie, du poumon ou de l’ovaire n’étaient réalisées que dans les hôpitaux très fréquentés, on pourrait réduire le nombre annuel total de journées d’hospitalisation de 4 775 et sauver 391 vies.
Contexte
La chirurgie fait souvent partie du traitement des patients atteints d’un cancer de l’œsophage, du pancréas, du foie, du poumon ou de l’ovaire. Bien que la plupart des patients se portent bien après la chirurgie, certains obtiennent des résultats indésirables car ces chirurgies sont complexes et nécessitent un niveau élevé de connaissances spécialisées et d’expérience. Il est prouvé que la régionalisation des chirurgies complexes peut améliorer les résultats pour les patients. La régionalisation est définie comme « la réorientation délibérée des interventions chirurgicales oncologiques selon des procédés et des structures explicites et planifiés, en ayant comme intention l’amélioration de la qualité des soins »1. Cette section spéciale met en lumière le nombre de résections de cancers ainsi que l’association entre le volume d’activités des hôpitaux et les résultats pertinents obtenus dans le cadre de la mortalité à l’hôpital, du nombre de journées d’hospitalisation évitées et de vies sauvées pour les patients atteints de cancers de l’œsophage, du pancréas, du foie, de l’ovaire ou du poumon à l’échelle du Canada.
Cette section spéciale donne un aperçu des principales conclusions du rapport intitulé « Les soins chirurgicaux liés aux cancers qui conjuguent ressources importantes et risques élevés, et leurs approches au Canada » rédigé par Finley et coll. Le rapport pancanadien présente une analyse et une discussion sur les approches liées aux interventions chirurgicales à haut risque qui mobilisent d’importantes ressources pour les cancers de l’oesophage, du pancréas, du foie, de l’ovaire ou du poumon et fournit des recommandations concrètes afin d’optimiser les soins prodigués au patient. |
Méthodes
Les données des hôpitaux sur les hospitalisations effectuées dans neuf provinces (soit toutes les provinces sauf le Québec) ont été extraites de la base de données sur les congés des patients de l’Institut canadien d’information sur la santé. Les cas de cancers primaires et les interventions chirurgicales associées effectuées entre 2004 et 2012 ont été inclus; seules les données de 2010 à 2012 sont présentées ici. La structure de la population canadienne en 1991 a été utilisée comme référence pour calculer les taux de résection normalisés selon l’âge. On a effectué des analyses de régression multivariées pour examiner l’association entre le volume hospitalier et les résultats concernant la mortalité à l’hôpital, le nombre de journées d’hospitalisation évitées et de vies sauvées, autant de facteurs déterminants pour les patients, les établissements et les chirurgiens. Le rapport complet contient une description détaillée de la méthodologie.
Résultats
Résections des cancers qui conjuguent risques élevés et ressources importantes au Canada.
On a noté des variations importantes dans le nombre de résections par personne normalisé selon l’âge de cancers de l’œsophage, du poumon, du foie et du pancréas au Canada. Pour ces cancers, les patients résidant dans la province pratiquant le nombre le plus élevé de résections par personne étaient deux fois plus susceptibles de recevoir une chirurgie potentiellement curative que les patients résidant dans la province effectuant le nombre le plus faible de résections (figure 4.7).
Des cinq types de cancers, le nombre de résections pour le cancer de l’œsophage, du pancréas et du foie était relativement faible dans toutes les provinces déclarantes, comparativement au nombre de résections de cancers de l’ovaire ou du poumon (figure 4.7). L’incidence du cancer et l’indication clinique pourraient représenter les principales causes des disparités observées dans le nombre de résections effectuées.
Certaines tendances provinciales notables concernant le nombre de résections de cancers effectuées sont ressorties (tableau 4.1). Sur les huit provinces déclarantes, le Nouveau-Brunswick et Terre-Neuve-et-Labrador présentaient généralement le plus faible nombre de résections (par 100 000 personnes) pour les différents types de cancer. En revanche, la Colombie-Britannique se situait dans la moyenne ou affichait le nombre le plus élevé de résections (par 100 000 personnes).
Étendue de la régionalisation des chirurgies liées aux cancers qui conjuguent risques élevés et ressources importantes au Canada.
Le volume de résections effectuées dans les hôpitaux varie selon le type de cancer (tableau 4.2). La régionalisation des services chirurgicaux était la plus forte pour le cancer du du poumon. Le nombre de résections de cancers de l’ovaire était deux fois plus faible que celles liées au cancer du poumon, mais les résections étaient effectuées dans trois fois plus d’hôpitaux, plusieurs de ceux-ci déclarant de faibles volumes de cas par année.
Effet du volume de l’hôpital sur les résultats obtenus par les patients
Une augmentation du volume hospitalier des résections de cancers du pancréas, de l’œsophage, du poumon et de l’ovaire était principalement associée à un risque réduit de la mortalité à l’hôpital (tableau 4.3). Une augmentation du volume hospitalier devrait avoir l’effet le plus important sur la mortalité à l’hôpital liée aux cancers du pancréas et de l’œsophage. Chaque augmentation de volume de 10 cas devrait en effet diminuer le risque de mortalité à l’hôpital de 22 % et 23 %, respectivement.
Si les chirurgies associées aux cancers de l’œsophage, du pancréas, du foie, de l’ovaire ou du poumon étaient effectuées uniquement dans les hôpitaux ayant un volume d’activités élevé† (en assumant que la qualité des soins et les résultats soient identiques dans ces hôpitaux), on pourrait réduire de 4 775 le nombre annuel total de journées d’hospitalisation. À lui seul, le cancer du poumon devrait permettre de réduire le nombre annuel de journées d’hospitalisation de 3 335, soit la réduction la plus élevée (tableau 4.3). La consolidation des résections de cancers dans les hôpitaux à volume élevé pourrait également permettre de sauver 391 vies. L’effet le plus important a été observé pour la consolidation des résections de cancers du poumon, avec un nombre prévu de 209 vies potentiellement sauvées (tableau 4.3).
Conclusions
La régionalisation des chirurgies complexes pourrait permettre d’obtenir de meilleurs résultats pour les patients et d’améliorer leur qualité de vie. Compte tenu de l’association entre le volume hospitalier et les résultats, l’état actuel des soins chirurgicaux liés au cancer de l’ovaire pourrait bénéficier d’un effort de régionalisation. Les conclusions présentées ici et le rapport complet visent à informer les administrateurs, les planificateurs des soins de santé et les décideurs de l’état actuel des soins chirurgicaux et des résultats des chirurgies à haut risque exigeant beaucoup de ressources; de cerner les domaines où il est possible d’apporter des améliorations et de proposer des recommandations visant à optimiser la qualité des soins.
Pour consulter le rapport complet de Finley et coll. intitulé « Les soins chirurgicaux liés aux cancers qui conjuguent ressources importantes et risques élevés, et leurs approches au Canada », veuillez visiter : http://www.cancerview.ca/fr/qualite_et_planification/initiatives_sur_la_qualite/acces_et_qualite_de_la_chirurgie_de_cancer/.
Notes
† Un hôpital très fréquenté est un hôpital qui se situe dans le tercile de volume le plus élevé.
Références
- Finley C, Schneider L, Shakeel S, Akhtar-Danesh N, Elit L, Dixon E, et coll. Approaches To High-Risk, Resource Intensive Cancer Surgical Care In Canada. Toronto (ON): 2015. 176 p.